Architecture et art baroque à Rome - Architecture et art baroque à rome

Index de l'article

LE STYLE BAROQUE, STYLE DE LA CONTRE-REFORME

A la suite des excès des papes et des dignitaires de l’Eglise de la Renaissance pour lesquels népotismes, ventes des charges ecclésiastiques ou des indulgences étaient la règle, s’élevèrent des voix toujours plus nombreuses pour demander une réforme des institutions. Après Savonarole ou même Erasme, on vit apparaître Luther et ses 95 thèses affichées sur la porte de l’église de Wittemberg en 1517. Ces thèses dénonçaient notamment la pratique des indulgences et proposaient des mesures pour réformer l’Eglise. Ainsi naquit le mouvement que l’on nomma Réforme, créé par des personnes qui protestaient : les Protestants.

L’Eglise prit du temps pour réagir. Finalement elle convoqua un concile qui se tint à Trente entre 1545 et 1563. Ce concile prit un certain nombre de mesures pour contrer la réforme. Ces mesures portaient sur la doctrine, les ordres religieux, l’instruction du clergé et ce que nous appellerions de nos jours la communication sans oublier les mesures de censures et de persécution des Réformés.

L’ordre des jésuites, récemment créé (1540), fut à la pointe de la diffusion de la doctrine de la Contre-réforme. Il adopta le style baroque pour ses églises de Rome (Eglise du Gesu et église de Saint Ignace de Loyola notamment) et l’exporta à l’Amérique du Sud qu’il était chargé d’évangéliser. Ce style répondait dans la forme des nefs aux exigences de la nouvelles liturgie et dans ses décors somptueux, à l’exaltation de la foi.

Au plan artistique

Le Baroque était une façon de magnifier la foi et la puissance de l’Eglise de Rome. Si certains réformateurs, tels Calvin ou Zwingli, considéraient que les représentations artistiques favorisaient le culte idolâtre des saints. Luther n’était pas de cet avis et pensait, comme le clergé, que « les images » avaient une fonction didactique auprès des croyants illettrés. L’Eglise, tout en étant favorable à l’art religieux, formula un décret pour le contrôler. Dorénavant les œuvres artistiques devraient se conformer de manière claire et objective aux Ecritures et exalter la vie des Saints. Le luxe, les raffinements excessifs et gratuits, les scènes trop profanes et la légèreté furent réprouvés. La nudité fut désapprouvée au point que certains personnages du jugement dernier de Michel-Ange furent recouverts de voiles car jugés obscènes. Le maniérisme fut également condamné.

PALAIS BAROQUES A ROME

Les papes, les cardinaux et les princes voulurent également avoir des palais à la hauteur de leurs ambitions. Ainsi on vit au cours des XVIe et XVIIe siècles surgir de nombreux palais décorés par les artistes les plus en vue. Ce fut surtout sur les plafonds de ces palais, comme sur les voûtes des églises, que s’exprimèrent les œuvres les plus spectaculaires. On pense notamment à celle que réalisa Pietro da Cortona dans le salon du Palais Barberini tout à la gloire de « leur » pape Urbain VIII et de leur famille.

Palazzo Spada Palazzo colonna-plafond Palazzo colonna_trone_papal-Rome 
 Palazzo Spada Palazzo Colona-plafond  Palazzo Colona - Trône papal

La peinture baroque cohabita avec deux styles bien différents. Le premier, plus réaliste et moins exubérant, celui du Caravage et de son école qui influença un Rembrandt, un Vermeer ou un Velasquez et celui des Carrache et de leur courant, plus inspiré du classicisme,  illustré par un Domenichino, un Nicolas Poussin ou un Claude Lorrain.

Caravage St_Jean_Baptiste-Rome Tombeau de_Gregoire_XV-Rome  Fontaine trevi-détails 
 Caravage St Jean Baptiste Tombeau de Gregoire XV  Fontaine de Trévi

La sculpture de l’époque baroque évolua dans le même sens que les autres arts. De statiques qu’ils étaient à l’époque de Michel-Ange, les personnages représentés sont toujours en mouvements. Cela est vrai pour les représentations religieuses (anges, saints, tombeaux de pape) comme pour celles profanes. La Fontaine des quatre fleuves, le David, le rapt de Proserpine ou l’enlèvement de Daphnée, toutes œuvres du Bernin, sont époustouflantes de réalisme et virtuosité.