Architecture et art baroque à Rome

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L’architecture et l’art baroque se sont développés à Rome du début du XVIIe à la moitié du XVIIIe siècle

C’est par conséquent un style qui fait partie de la période de la Renaissance. Le terme baroque n’est toutefois apparu qu’après la fin de cette période et il était alors utilisé avec une nette connotation négative. Actuellement encore « baroque » signifie quelque chose de compliqué, d’ampoulé et d’excessif. Il ne s’applique pas seulement à l’art ou à l’architecture mais à toute production humaine remplissant ces critères.

Chronologiquement le baroque fait suite au premier art de la Renaissance initié au XVe par des architectes comme Brunelleschi ou des peintres comme Botticelli et poursuivi par des personnages polyvalents au XVIe siècle tels Léonard de Vinci ou Michel-Ange. Avec ces artistes on est dans le domaine de l’équilibre des formes et des volumes, aussi bien dans le domaine de l’architecture que dans celui de la peinture ou de la statuaire.

Caractéristiques du style baroquegalerie des Carrache

Le style Baroque est caractérisé par l’usage de la ligne sinueuse qui forment des ellipses, des spirales et des volutes qui s’entremêlent.

Une autre caractéristique est la complexité des œuvres qui confine à la virtuosité la plus extrême. Elle avait pour but de frapper le spectateur et de susciter son émerveillement.

Le baroque est un également style qui cherche à créer l’illusion. A l’époque précédente, Michel-Ange ou les Carrache, réalisaient des peintures décoratives à l’intérieur de cadres tels des tableaux. Les peintres baroques eux sortent des cadres. Les faux marbres, les perspectives poussées à l’extrême et les trompe-l’œil fabriquent des images extraordinaires. On est en plein dans le domaine de l’irréel et de l’illusion. Les plafonds de l’église du Gesu ou celui du Palais Barberini en sont l’illustration la plus accomplie.

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 Plafond église du Gesù  Eglise Santa Maria Sopra Minerva  Eglise san giovani battista dei fiorentini

L’artiste baroque déteste le vide. Chaque centimètre de mur est peint, travaillé, meublé de figures et de reliefs à tel point que l’on ressent parfois une sensation de eglise st jean  latransaturation visuelle ou émotive.

Enfin le style baroque est celui de la mise en scène. Les grands monuments ou édifices sont traités comme des espaces de représentation en concordance avec le mode de vie des riches et des puissants. 

Architecture baroque à Rome

L’architecture du début de la Renaissance se différencie de la l’architecture baroque en ce que la première trouve sa beauté dans son équilibre, ses proportions et l’agencement des éléments alors que la seconde, cherchant avant tout à frapper et émerveiller, fait appel à des artifices décoratifs complexes et extravagants.

Alors que les architectes des premiers temps de la Renaissance cherchèrent à imposer leurs édifices dans l’espace urbain, quitte à le modifier, ceux du Baroque s’ingénièrent à adapter leurs constructions à la réalité environnante. Toutefois leur conception étant la mise en scène de l’intérieur des édifices comme de l’espace public, ils réalisèrent également des constructions de plaisance telles des fontaines spectaculaires comme celle de Trevi ou des quatre fleuves ou encore des escaliers monumentaux tels ceux de la Piazza di Spagna.

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Fontaine de Trevi Fontaine Pauline

EGLISES BAROQUES A ROME

L’architecture baroque des églises fait suite au style classique de la Renaissance mais s’en éloigne en prenant des libertés dans les formes. Les architectes délaissent les agencements rigides et symétriques pour des constructions faites de courbes, de concavités et d’avancements.

Parmi les principaux innovateurs on peut citer Borromini, il Bernini ou encore Pietro da Cortone.

Les façades des églises sont traitées comme des théâtres romains avec des colonnes et des piliers entre lesquels s’insèrent des niches pour des statues de saints ou de personnages célèbres.

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 Fontaine Pauline Santa Maria della Pache  San Carlo alle 4 fontane

Les nefs des églises ne sont plus nécessairement rectangulaires comme dans les églises basilicales mais adoptent également des formes rondes ou ovales.Elles sont compartimentés en chapelles, traitées comme de petits temples, ornées de marbres polychromes, d’or, d’argent et de statues d’anges ou de saints sur lesquelles joue la lumière tombant des fenêtres.

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Santa Marie della Pache  San andrea delle fratte Bernin  Basilique St-Pierre

Les autels sont surmontés de baldaquins richement ornés, à colonnes spiralées.

Les riches plafonds à caissons sont maintenant souvent remplacés par des plafonds peints de scènes en trompe-l’œil, créant un mélange visuel avec les volumes architecturaux et donnant l’impression d’une ouverture céleste.

L’ensemble de ces éléments grandioses et impressionnants a pour finalité la mise en scène de la puissance de l’Eglise universelle.


LE STYLE BAROQUE, STYLE DE LA CONTRE-REFORME

A la suite des excès des papes et des dignitaires de l’Eglise de la Renaissance pour lesquels népotismes, ventes des charges ecclésiastiques ou des indulgences étaient la règle, s’élevèrent des voix toujours plus nombreuses pour demander une réforme des institutions. Après Savonarole ou même Erasme, on vit apparaître Luther et ses 95 thèses affichées sur la porte de l’église de Wittemberg en 1517. Ces thèses dénonçaient notamment la pratique des indulgences et proposaient des mesures pour réformer l’Eglise. Ainsi naquit le mouvement que l’on nomma Réforme, créé par des personnes qui protestaient : les Protestants.

L’Eglise prit du temps pour réagir. Finalement elle convoqua un concile qui se tint à Trente entre 1545 et 1563. Ce concile prit un certain nombre de mesures pour contrer la réforme. Ces mesures portaient sur la doctrine, les ordres religieux, l’instruction du clergé et ce que nous appellerions de nos jours la communication sans oublier les mesures de censures et de persécution des Réformés.

L’ordre des jésuites, récemment créé (1540), fut à la pointe de la diffusion de la doctrine de la Contre-réforme. Il adopta le style baroque pour ses églises de Rome (Eglise du Gesu et église de Saint Ignace de Loyola notamment) et l’exporta à l’Amérique du Sud qu’il était chargé d’évangéliser. Ce style répondait dans la forme des nefs aux exigences de la nouvelles liturgie et dans ses décors somptueux, à l’exaltation de la foi.

Au plan artistique

Le Baroque était une façon de magnifier la foi et la puissance de l’Eglise de Rome. Si certains réformateurs, tels Calvin ou Zwingli, considéraient que les représentations artistiques favorisaient le culte idolâtre des saints. Luther n’était pas de cet avis et pensait, comme le clergé, que « les images » avaient une fonction didactique auprès des croyants illettrés. L’Eglise, tout en étant favorable à l’art religieux, formula un décret pour le contrôler. Dorénavant les œuvres artistiques devraient se conformer de manière claire et objective aux Ecritures et exalter la vie des Saints. Le luxe, les raffinements excessifs et gratuits, les scènes trop profanes et la légèreté furent réprouvés. La nudité fut désapprouvée au point que certains personnages du jugement dernier de Michel-Ange furent recouverts de voiles car jugés obscènes. Le maniérisme fut également condamné.

PALAIS BAROQUES A ROME

Les papes, les cardinaux et les princes voulurent également avoir des palais à la hauteur de leurs ambitions. Ainsi on vit au cours des XVIe et XVIIe siècles surgir de nombreux palais décorés par les artistes les plus en vue. Ce fut surtout sur les plafonds de ces palais, comme sur les voûtes des églises, que s’exprimèrent les œuvres les plus spectaculaires. On pense notamment à celle que réalisa Pietro da Cortona dans le salon du Palais Barberini tout à la gloire de « leur » pape Urbain VIII et de leur famille.

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 Palazzo Spada Palazzo Colona-plafond  Palazzo Colona - Trône papal

La peinture baroque cohabita avec deux styles bien différents. Le premier, plus réaliste et moins exubérant, celui du Caravage et de son école qui influença un Rembrandt, un Vermeer ou un Velasquez et celui des Carrache et de leur courant, plus inspiré du classicisme,  illustré par un Domenichino, un Nicolas Poussin ou un Claude Lorrain.

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 Caravage St Jean Baptiste Tombeau de Gregoire XV  Fontaine de Trévi

La sculpture de l’époque baroque évolua dans le même sens que les autres arts. De statiques qu’ils étaient à l’époque de Michel-Ange, les personnages représentés sont toujours en mouvements. Cela est vrai pour les représentations religieuses (anges, saints, tombeaux de pape) comme pour celles profanes. La Fontaine des quatre fleuves, le David, le rapt de Proserpine ou l’enlèvement de Daphnée, toutes œuvres du Bernin, sont époustouflantes de réalisme et virtuosité.